L'embrumé

L’embrumé, c’est Kiki Elsen, fils d’Henri, entrepreneur disparu mystérieusement trois ans plus tôt et qui revient glisser à l’oreille de son drôle de garçon qu’il n’est pas mort, mais qu’on l’a tué. Le "on" étant évidemment Claude Elsen, frère envieux d’Henri qui a repris ses affaires et sa femme Gerty, ainsi que son avocat Pollon, qui sera le premier à se faire trucider. Felly Pollon, amoureuse malheureuse de Kiki, se suicidera peu après, les barbituriques ayant remplacé la plus romantique mort au fil de l’eau dans laquelle tomberont Rosen et Stern, pédérastes notoires. Puis Claude, Gerty, Kiki et Jean-Louis Pollon, fils de, laisseront chacun leur peau dans un final sanglant.Violence, trahison, fantôme, vengeance, pouvoir, envie, amour aussi : tout Hamlet est là, trois siècles et demi plus tard et dans une autre langue. "Moi, je vais travailler en artiste, à la Sade, à la Byron, à la Gide, annonce Kiki. Gratuitement, pour le plaisir et en riant. Personne ne se méfie d’un clown." 
L’embrumé offre ainsi à la fois le plaisir d’un polar bien ficelé et la surprise, pour les connaisseurs, de la transposition de chaque scène de la pièce de Shakespeare. Dont l’ombre est omniprésente, jusqu’à cette ultime citation qui s’éclaire soudainement : "Il me semble, Horatio, que je vois mon père avec les yeux de mon âme."